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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 09:59

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Cinéaste populaire, et par conséquent boudé par une certaine élite, Henry Verneuil aura traversé  40 ans du cinéma français avec des films comme "Des gens sans importance", "La Vache et le Prisonnier", "Un singe en hiver", "Mélodie en sous-sol", "Cent mille dollars au soleil", " Le Clan des Siciliens", " I... comme Icare" .....

Au-delà de tous ces films aux qualités indéniables, et de quelques autres nettement moins bons, je retiendrais deux œuvres qui démontrent que ce cinéaste d'origine arménienne savait nous faire réfléchir tout en nous distrayant, une qualité que l'on aimerait bien retrouver un peu plus souvent chez nos jeunes réalisateurs d'aujourd'hui.

Il y a tout d'abord "Le Président" , avec cette séquence reprise bien souvent, qui démontre que dès 1960, on pouvait savoir ce que l'on nous préparait avec "L'Europe". 

Ce film, magnifiquement dialogué par Michel Audiard,et adapté d'un livre de Georges Simenon, contient quelques répliques digne d'un discours d'homme politique en campagne électorale avant qu'il ne l'oublie une fois élu . Jugez plutôt:  « Je suis pour l'Europe des travailleurs contre l'Europe du capital, je suis pour l'Europe du travail contre l'Europe des actionnaires ». 

Et celle-ci, que l'on peut appliquer à nos dirigeants qui se succèdent depuis plus de 30 ans, et qui ne possèdent aucune vision pour le pays:  « Ce que vous me dites là, ce sont des ambitions bonnes pour gérer un bureau de tabac, pas pour diriger la France. »

Que ce soit dans cette vidéo, ou dans ses répliques, et plus de 50 ans après sa sortie, "Le Président" reste un film essentiel pour comprendre le fonctionnement de l'Europe et  du monde politique actuel .

Si vous voulez comprendre la mondialisation, il existe un autre film important d'Henry Verneuil, "1000 milliards de dollars" .

Dans ce film, qui dénonce la mainmise américaine sur la politique et la finance, le réalisateur s'est inspiré d'ITT ( International Telephone & Telegraph), la multinationale américaine qui a financé le putsch contre Salvador Allende au Chili dans les années 70. 

Ici ITT a été remplacé par la GTI, une multinationale américaine qui cherche à prendre le contrôle d'une société d'électronique française pour servir de façon détournée les intérêts d'un pays allié. 

Henri Verneuil dénonce dans ce film les dangers de la mondialisation avec ses sociétés tentaculaires et inhumaines, dans lesquelles l'être humain n'est qu'une machine à faire du fric que l'on peut jeter dès qu'elle n'est plus assez performante, et tout cela sans se soucier des gouvernements qui se succèdent .


A un moment , on apprend que la société GTI n'a pas hésité à collaborer avec les nazis pendant la  Seconde Guerre Mondiale. 

Dans cette partie du film, Verneuil fait le parallèle avec la firme IBM qui a également participé à l'effort de guerre nazi, par l'intermédiaire des machines Hollerith D-11 de sa filiale allemande Dehomag. Comme il s'agissait de location, IBM s'est fait rembourser, comme il est dit de la GTI dans "1000 milliards de Dollars", la destruction par les alliés de ses machines à Auschwitz, Dachau et Buchenwald.

Tout est dit dans cet échange entre le président de la GTI, interprété par Mel Ferrer, et le journaliste Kerjean, interprété par Patrick Dewaere. Les américains nous ont libéré, mais en échange ils ont débarqué avec  Mc Donald, les chewing-gum,  Elvis Presley et John Wayne.

Qu'on le veuille ou non, nous sommes imprégnés de leur culture, nous consommons leurs produits, et demain, "grâce" au traité  transatlantique (TAFTA), un grand espace de libre-échange permettra aux investisseurs de prendre totalement le pas sur celui des gouvernements élus. Ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettra d’attaquer en justice tout État qui ne se pliera pas aux normes du libéralisme. De plus cet accord commercial prévoit de se débarrasser de la plupart des normes environnementales, sanitaires et juridiques en vigueur dans chacun des pays de l'union européenne.

Il prévoit que les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.

Comme on le voit, les multinationales vont prendre encore plus de pouvoir contre les états. Il s'agit là de la dernière marche vers la dictature totale des multinationales contre les intérêts nationaux. 


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commentaires

A
<br /> Je te donne le titre français du livre de Michael Moore que j' ai cité:<br /> <br /> <br /> <br /> Mike contre-attaque<br /> ! (Stupid White Men and other Sorry Excuses for the State of the Nation), La<br /> Découverte, 2001.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans les derniers chapitres Moore démontre que le choix entre républicains et démocrates est complètement factice et que ce sont les 2 faces d' une seule et même monnaie, notamment grâce à<br /> la petite démo sur Clinton et son entourloupe de fin de mandat.<br /> <br /> <br /> Enfin il y a une petite anecdote qui me fait marrer dans ma ville d' à côté qui est une petite métaphore du mercantilisme politique.A Denia , il y a un promoteur immobilier qui subventionne<br /> les 3 plus gros partis qui se présentent aux élections municipales et quel que soiut le vainqueur, celui-ci lui sera redevable...comme dans la chanson de Dutronc...."je suis de tous les partis"<br /> <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=DyP9ZzKklmU<br />
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F
<br /> <br /> Bonsoir AJE,<br /> <br /> <br /> Le cinéma américain n'a jamais hésité à taper là ou ça fait mal. Les hommes du Président est arrivé peu de temps après l'affaire Nixon. Oliver Stone , que tu cites, mais aussi des films sur la<br /> guerre du vietnam de nommbreux réalisateurs. On pense aussi à Missing de Costa Gavras, "Les 3 jours du Condor" de Polack . Je pense aussi à ce film sur les dangers du nucléaire avec Jack Lemon et<br /> Jane Fonda, Le syndrome chinois. <br /> <br /> <br /> En France , dans les années 70 , surtout , certains ont essayé de faire ce genre de cinéma, avec Verneuil bien sur , mais aussi Boisset et Costa Gavras bien sur .<br /> <br /> <br /> Aujourd'hui, le cinéma américain continue de tourner des films qui dénoncent des scandales ; que ce soit sur la guerre d'irak , mais aussi des films comme Erin Brockovitch ou Révélations, alors<br /> qu'en France on a abandonné ce genre de cinéma.<br /> <br /> <br /> Pourquoi ?<br /> <br /> <br /> Bonne soirée l'ami .<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Ah oui j' oubliais de préciser que Michael Moore raconte très bien dans l' un de ses bouquins( stupide homme blanc ...je crois mais je n suis pas sûr) de quelle manière Clinton a trahi toutes ses<br /> promesses électorales en matière écologique pour ne pas gêner les grands groupes industriels qui avaient financé son élection.Il a fait passer des décrets en faveur de la protection de<br /> l' environnement à 6 mois de la fin de son mandat que Bush a pu annuler d' une simple signature...et hop, le tour est joué...!!!<br />
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A
<br /> Bonjour Fatizo<br /> <br /> <br /> Effectivement Verneuil est le cinéaste français qui a le mieux dénoncé le poids des lobbies dans la vie politique ( vous pouvez voter pour qui vous voulez ça n' a qu' une importance très<br /> relative...).Oliver Stone a fait un travail équivalent outre-Atlantique( les 2 cinéastes se sont penchés sur l' assassinat de Kennedy: I comme Icare pour Verneuil et JFK pour Stone).<br /> <br /> <br /> En ce qui concerne le Chili je me souviens de kissinger explicant que le coup d' Etat avait coüté l' équivalent du prix d' Jumbo 747...le prix d' une démocratie...plus cynique tu meurs).<br /> <br /> <br /> Là si on veut actualiser les prix les américains ont dépensé 5 milliards de dollars pour destabiliser et faire tomber le gouvernement de Yanoukovytch.Les prix flambent donc mais cette politique<br /> très aventureuse sert les intérêts énormes du lobby militaro-industriel si cher à Oliver Stone.<br /> <br /> <br /> Bonne fin de journée<br />
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R
<br /> Merci de nous faire redécouvrir ce film, 1000 milliards de dollars : j'ai dû le voir, mais je l'avais oublié : il révèle bien le monde impitoyable des multinationales... un film à revoir<br /> !<br /> <br /> <br /> Bises du sud<br />
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F
<br /> <br /> J'ai revu ce film il y a quelques temps. Ce qui frappe avant tout, et malgré ses imparfections, c'est qu'il est plus que jamais d'éctualité.<br /> <br /> <br /> Je me rends compte que j'ai oublié le petit couplet sur les médias, qui déjà dans le film, étaient tenu par les multinationales eux aussi .<br /> <br /> <br /> Bises et belle soirée Rosemar<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Bonsoir Fatizo,<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas vu 1000 milliard de dollars mais le "président" fait parti de ma petite médiathèque. Je l'ai vu plusieurs fois, il a été écrit sur la IV ème république mais le dialogue semble sortir<br /> de 2014 et je recommende à tout le monde de le voir avant (d'éventuellement) mettre un bulletin dans l'urne le 25 mai prochain<br /> <br /> <br /> A+<br />
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F
<br /> <br /> Bonsoir Jes,<br /> <br /> <br /> Tu peux te faire une petite idée de ce film au travers des vidéos présentes. C'est égéleent un bon thriller à la française .<br /> <br /> <br /> Pour en savoir un peu plus sur ce film.<br /> <br /> <br /> http://www.lerepublique.com/25045/mille-milliards-de-dollars-ou-la-concentration-de-la-richesse-qui-ne-date-pas-dhier/<br /> <br /> <br /> Bonne soirée à toi .<br /> <br /> <br /> <br />